Olivier Choinière et ses prix

Récipiendaire du Prix Siminovitch cette année, saviez-vous qu’Olivier Choinière a remporté, en 2001-2002, le concours Le théâtre pour les jeunes publics et la relève? La Maison Théâtre lui avait alors donné l’occasion de monter sur ses planches Léa-Pu deSonlaté, avec les finissants de l’Option-Théâtre du Collège Lionel-Groulx, dans une mise en scène de Ghyslain Filion. Olivier avait reçu l’aide à l’écriture de Louise Bombardier.

Léa-Pu deSonlaté raconte l’histoire d’une famille, Les Heye, qui se retrouvent soudain devant une télévision muette. Popeye, Momeye et leurs quatre enfants Bedzeye, Mareye, David Coperfield, Zézeye en sont désespérés, car ce soir-là passe la dernière de leur émission favorite, le Double! Forcés de trouver une solution, les Heye décideront de prêter leur voix à la télévision, allant jusqu’à créer les dialogues et la musique, redonnant la parole à celle qui l’a perdue et ainsi, s’en donnant une à eux-mêmes.

En lisant ce qu’avait dit M. Choinière de sa propre pièce à ce moment-là, l’on verra que l’engagement de l’auteur à défendre la liberté d’expression, tout en pourfendant les  »conventions imposées », ne date pas d’hier!

On parle beaucoup de communication par les temps qui courent et surtout des nouveaux moyens de communication. Les anciens refont périodiquement surface, notamment lorsqu’il est question des effets nocifs de la télévision sur les jeunes, comme si la télévision n’avait d’effets nocifs que sur eux. Mais ce qui est pire, c’est qu’on parle des jeunes comme s’ils n’étaient pas là. Cette manière polie d’écarter une personne d’une discussion dont elle est le sujet en parlant d’elle à la troisième personne du singulier n’appartient pas qu’aux débats sur la place publique : elle naît d’abord à la maison, et sûrement devant la télévision.

Les Heye seront bientôt plantés devant la télé. Ils la regarderont comme si leur vie en dépendait, à tel point qu’ils iront jusqu’à lui prêter leur voix. On peut y voir une forme d’aliénation, tout comme la création d’un formidable outil de communication. Les Heye y verront apparaître, plus que la réalité, le visage moqueur de leur double.

Il faisait bon se rappeler ce moment! Encore toutes nos félicitations à l’auteur, à qui nous lançons l’idée de renouer sous peu avec l’écriture pour les jeunes publics!

*Pour les enfants, Olivier Choinière a aussi écrit Les trains, pièce présentée à la Maison Théâtre en 1999, dans une mise en scène de Benoît Vermeulen.

Photo : La Presse via Prix Siminovitch (avec Annick Lefebvre).